No 20 (2020): Musiques et chansons
Dans sa définition d’une poétique générale de l’oralité, Paul Zumthor a reconnu aux chansons modernes, enregistrées par milliers chaque année, une valeur culturelle et artistique qui leur permet de jouer un rôle dans le maintien de “la passion de la parole vive”1 au sein de la société contemporaine. Cette forme de “poésie sonore”2, qui s’assure aujourd’hui une large réception collective grâce aux médias, attire également l’attention des littéraires, qui reconnaissent son épaisseur symbolique et stylistique ou s’intéressent à l’influence de certains genres musicaux sur l’expression poétique.
Les articles réunis dans ce dossier de Ponti / Ponts contribuent à dynamiser cette réflexion sur les “Musiques et chansons” de divers espaces francophones, en invitant à découvrir les relations complexes entre l’univers littéraire, les paroles des chansons et les rythmes créés par certains instruments. Ainsi le rappeur franco-rwandais Gaël Faye est envisagé comme un poète urbain contemporain, héritier de la figure du flâneur baudelairien: l’argumentation de Francesca Aiuti, qui propose une relecture du concept de ‘flâneur’, s’appuie
sur l’étude de deux albums de cet artiste pour montrer la possibilité d’identifier un “fil conducteur entre passé et présent”, entre la tradition littéraire française et le rap moderne, un parallèle qui devient possible grâce à la capacité de la musique d’élargir “le pouvoir perceptif et communicatif de la flânerie”.
