Résumé
L’intention ici est de réfléchir à la nature du rationalisme de Bachelard. Parmi ses premiers écrits, La valeur inductive de la relativité, qui date de 1929, recèle toute la valeur épistémologique d’une notion fondamentale, celle d’induction. Au-delà de la dimension historico-critique de l’interprétation bachelardienne de la relativité, il semble que l’on peut reconnaître, dans l’élan inductif de la pensée qui fait la science, des traces du tonus rationaliste spécifique qui soutient la plus mature philosophie du « -re » (« recommencer », « renouveler », « réorganiser »). C’est précisément la manière inhabituelle d’utiliser le concept d’induction chez Bachelard qui, à notre avis, de manière peut-être imprévisible, a soutenu la perspective rationaliste de Bachelard sur la relation entre le réel et le virtuel et sur la signification des concepts d’expérience et de raison scientifique, dans un climat culturel qui n’avait pas encore fini de se débarrasser de Descartes. Enfin, des indices d’une certaine vocation pour la pensée de la complexité émergent et nous invitent à entrevoir des facettes inexplorées de la philosophie de Gaston Bachelard.